Un espace carré. Nous sommes assis autour, au même niveau que les acteurs, très proches. Peut-être un ring, une place publique, ou une chambre... Un carré c’est symétrique, et celui-ci, ni cours ni jardin, ni face ni lointain. Ils sont trois dans ce carré, mais aussi parfois autour : il n’a pas vraiment de limites, à part celles qu’on lui imagine. Ces trois là nous parlent assez simplement, directement. L’un avec des sons, l’autre par des gestes, et le dernier raconte une histoire : le récit kafkaïen et absurde d’un type qui doute tellement de la nourriture qu’il fini par ne plus manger que de l’air... Si ce qu’ils racontent prête parfois à sourire, pour eux c’est important. Pourtant, s’il y a quelque chose à comprendre, c’est probablement plus un rapport sensible qu’autre chose.
Rapport esthétique
« Vous n'êtes pas là par hasard » est une pièce qui se reçoit simplement. Plus précisément, c’est une pièce simplexe, un geste simple mais fabriqué à partir d’un processus, d’un propos et d’une structure complexes. Le dispositif quadrifrontal, tant dans sa disposition spatiale que dans sa création lumière et sonore permet de modifier le point de vue des spectateurs sans qu'ils aient à bouger de leur place. Ce qui, métaphoriquement serait un bel objectif d'émancipation. La trame narrative est utilisée comme prétexte, un fil rouge, installé pour n’être que rompu, dans une tentative de création d'affects surprenants, déroutants. Comme pour permettre au spectateur de se former son propre poème à partir de celui de la pièce. C'est du moins l'objectif vers lequel « Vous n'êtes pas là par hasard » va tendre. Aucun effet n'est anticipé. Là est tout l'enjeu de émancipation selon Jacques Rancière : personne n'émancipe, chacun doit faire son chemin en confrontant son expérience propre à des objets tiers, tels que des œuvres. C'est dans cette filiation philosophique que se place « Vous n'êtes pas là par hasard ». La pièce assumera une forme parfois abstraite (quelle musique ne l'est pas ?), mais définitivement accessible, et forte de sens. Par ailleurs, grâce aux acteurs et au travail fondamental des techniciens lumière et son, la pièce englobera les spectateurs dans l'action, s'adressera directement à eux sur un rapport d'égal à égal.
Propos du plateau
« Vous n'êtes pas là par hasard » sera portée au plateau par un trio : Laurent Cogez (comédien/auteur), Marie- Laure Caradec (danseuse) et Vincent Raude, musicien (électronique). Stéphane Leucart assure la création lumière et Guillaume Tahon la technique son. Le croisement des disciplines n’est pas un principe ou un concept, il s’agit de creuser encore le sillon largement amorcé par de nombreux artistes dans la seconde moitié du 20e siècle, qui permet d’exprimer un propos commun de différentes manières grâce aux outils et disciplines de chacun. Mais dans cette pièce, la technique (son, lumière) a aussi un rôle fondamental : le dispositif est au coeur du travail et participe du propos autant que de la réception. Simon Le Doaré travaille sur des questions politiques : autonomisation politique (s’ériger des règles pour soi-même), formation et déformation de l’esprit critique politique, émancipations, aliénations. Après avoir creusé des effets systémiques (crises économiques, système capitaliste, démocratie), il s’attaque au déterminismes en tant que cheminements multifactoriels individuels, qu’ils soient culturels, sociaux, géographiques, psychologiques... Ce sont ces processus obscurs qui nous façonnent, et leur dimension politique, qui nourrissent au plateau le travail de l’équipe de Vous n’êtes pas là par hasard. Processus Ce travail suit des méthodologies de travail que Hiatus développe depuis plusieurs années, bien qu'elles évoluent pour chaque nouvelle pièce. Pour la première fois, le texte ne sera pas écrit au préalable. Comme la musique et la chorégraphie, il sera charpenté à partir du plateau par les interprètes sous la direction de Simon Le Doaré. Chaque acteur est alors aussi auteur : la matière dégagée est progressivement fixée, précisée, taillée et détaillée. Tous ces principes de travail ont été expérimentés très concrètement en 2016 lors de la création d’une « maquette » dans le cadre du dispositif compagnonnage du Ministère de la culture - DRAC Bretagne, avec la Compagnie Dérézo.
Production
En 2016, le Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Bretagne a financé la création d’une « maquette » dans le cadre du dispositif compagnonnage (dossier déposé avec la Cie Dérézo - Charlie Windelschmidt). Trois lieux ont accueilli l’équipe pour la création de cette maquette : La Maison du Théâtre à Brest, La Paillette à Rennes et Le Phare CCN du Havre. La maquette a été présentée à la Maison du Théâtre à Brest en décembre 2016. En 2017-18, La compagnie Hiatus a été retenue pour un financement de la Coopération Rennes-Nantes-Brest. Cette année de pré-production proprement dite a amené Vous n’êtes pas là par hasard Au Bout du Plongeoir à Rennes (septembre 2017), à La Chapelle Dérézo à Brest (janvier 2018, et La Fabrique Chantenay à Nantes (février 2018). Une rencontre publique a eu lieu Au Bout du Plongeoir et une sortie de résidence publique à La Fabrique Chantenay. En décembre 2018 spectacle Vivant en Bretagne a invité Simon Le Doaré à participer à l’événement « Vizàvis », organisé par l’ONDA au Cent-Quatre (Paris) lors du festival Impatience. La pièce a été présentée à une quinzaine de programmateurs à cette occasion.
Planning de production à venir
mai - juin 2019
- Résidence à la salle Guy Ropartz à Rennes (co-production confirmée)
- Résidence à la Maison du théâtre à Brest (co-production confirmée)
- Création à la Maison du théâtre à Brest les 7 et 8 juin 2019
Soutiens institutionnels
- Ville de Brest
- Réseau De coopération Rennes-Nantes-Brest
- Ministère de la Culture - DRAC Bretagne (compagnonnage)
